
Le CD-i ou Disc Compact Interactive est une console multimédia. Multimédia ? Oui, un terme pour le moins d’actualité dans les années 2020 à tel point qu’il n’est même plus entendu de la bouche de quiconque. Cependant, dans les années 1990, il s’agissait d’un terme très utilisé, notamment dans le domaine du marketing, pour parler de la révolution numérique en plein boom accompagnée par un support technologique incontournable dont le CD-i est doté, le CD. Le CD-i a été conçu par Philips pour être un standard, c’est pourquoi le constructeur a la volonté d’uniformiser le marché autour d’un hardware, celui de sa console. avec l’objectif que n’importe quelle entreprise puisse concevoir sa propre machine en achetant la licence. Mais le marché, duquel parlons-nous ? Et bien de plusieurs. En effet, en en faisant une console multimédia, Philips voulait proposer des jeux vidéo, des logiciels éducatifs, des encyclopédies et des logiciels interactifs pour les professionnels, avec la possibilité de le transformer en terminal informatique grâce à des extensions diverses, y compris un accès à Internet. De plus, il est possible de faire de la machine un magnétoscope grâce à un catalogue de plusieurs long-métrages, permettant aux possesseurs de regarder des films le soir par exemple. Ce que vous venez de lire résume en grande partie la définition identitaire du CD-i, qu’en pensez-vous à présent ?
Là réside une grande partie du problème du CD-i : il souffre d’une identité très confuse car il se situe sur le marché des jeux vidéo, des magnétoscopes, des ordinateurs, des logiciels professionnels et des applications pour enfants. Avec autant d’ouverture, les consommateurs et même les professionnels ont eu du mal à situer la machine. Mais ce n’est pas tout, d’autres facteurs ont joué en défaveur de la console. D’abord, son prix de vente est très élevé, notamment par rapport aux consoles de jeux vidéo, secteur dont Philips voulait se rapprocher afin de susciter l’adhésion d’un public plus large. Ainsi, à 4 990 F pour le CD-i de base (le modèle 205), il était près de trois mille francs plus cher que la Megadrive de Sega, ce qui est en soi un premier frein à l’achat. Le second frein est le catalogue de jeux qui n’est pas vraiment à la hauteur des attentes, avec des jeux vidéo et plein de logiciels dont la qualité et l’intérêt laissent à désirer. En plus, plusieurs d’entre eux ainsi que les films au format Vidéo CD (une autre variante du CD-ROM que le CD-i accepte), nécessitent la carte MPEG FMV, une énorme cartouche qui fait augmenter la facture car vendue séparément. Enfin, souvent décriés, les périphériques de commandes pour jouer aux jeux vidéo n’étaient pas non plus très adaptés et peu ergonomiques, ce qui a achevé d’entacher l’image de la console de Philips. Il y a bien eu plusieurs accessoires, mais les principaux d’entre eux n’étaient pas suffisamment agréables à prendre en main pour inspirer les joueurs. La console a vu sa production s’arrêter en 1996.
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Catalogue de titres
La console est aussi connue pour la sortie dessus de quatre jeux sous licence Nintendo. Pourquoi ? Nintendo avait un projet de développement d’un module CD-ROM pour sa Super Nintendo, baptisé SNES-CD, en partenariat avec Sony. Mais Nintendo a annulé au dernier moment le deal avec celui qui allait être son futur rival pour annoncer se rapprocher finalement du concurrent de ce dernier, Philips. Bien que le nouvel accord entre les deux associés n’aboutît à rien, Philips a toujours gardé le droit d’utiliser des personnages de Nintendo pour développer lui-même des jeux à partir d’eux. C’est ainsi que sont sortis un jeu Mario et trois jeux Zelda (connus populairement sous le nom de « Triforce de la honte ») qui ont longtemps été décriés pour leur qualité médiocre sur tous les plans et ont entaché l’image de la console. Mais malgré cela, le CD-i est une machine importante qui a surfé sur le « multimédia » en vogue dans les années 1990 et demeure parmi les toutes premières consoles de jeux vidéo (donc hormis les extensions et add-on) doté d’un lecteur CD-ROM. Il s’agit également d’une machine ambitieuse, ouverte et prétendant devenir un standard multimédia que rempliront plus tard d’autres consoles à partir des années 2000.
La console avait aussi son lot de jeux en Full Motion Video ou FMV, c’est-à-dire des jeux dans lesquels sont insérées des scènes tournées par de vrais acteurs, permettant au joueur de plonger dans un film interactif. Parmi les plus importants, les séries Mad Dog McCree et Crime Patrol, qui utilisaient par ailleurs un pistolet optique de bonne qualité et quasi nécessaire si vous vouliez bénéficier d’un bon gameplay. Pour fonctionner, comme précisé plus haut, il est impératif d’équiper la console de la carte MPEG FMV.


RAM RAID, jeu CD-i en ligne, disponible uniquement avec la connexion internet sur la console. Jeu FPS s’inspirant de Doom avec la possibilité de vaincre les abonnés au réseau. Le vainqueur affrontera RAM Raid, l’ordinateur principal. Le jeu est sorti juste après Atlantis : the last resort, jeu créé dans les laboratoires de recherches de Philips comme RAM RAID. Les serveurs en ligne du CD-i ont fermé en 1999. Internet y était accessible grâce à un kit de connexion internet ainsi qu’un CD spécial, le CD-ONLINE en Europe ou Web-I aux USA, aujourd’hui très difficile à trouver sur le marché de l’occasion.